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et ombragées, entrecoupées de ci de là de squares et de places dont l’emplacement sera concédé gratuitement à la ville.

Tel est le projet Girardet dont, sans qu’il soit besoin d’insister autrement, la municipalité, qui a donné jusqu’ici tant de preuves d’un dévouement intelligent à la chose publique, comprendra toute l’importance, importance qui ne vise à rien moins qu’à donner à Tunis ce qui lui manque encore en luxe et en confort pour en faire la première station hivernale du monde, la plus riche, la plus prospère et la plus fréquentée.

Grandiose et magnifique a-t-on pu dénommer ce projet. Et, pour élogieuses qu’elles soient, ces gracieuses épithètes sont-elles si imméritées ?

Voyons-le.

Le projet Girardet, faisant sortir de terre les villas délicieuses, les quinconces fleuris et parfumés où la flore africaine luttera de force et de grâce avec la flore occidentale, mettra sur ce sol jusqu’ici réputé barbare la griffe toute puissante de la civilisation parisienne, un luxe magique qui s’aidera, — et combien puissamment ! — des beautés de cette nature orientale. Un éblouissement peut-être, mais un charme ! Dans cet Éden, pays du rêve, chaque souffle du vent qui aura baisé les roses au passage effleurera le visiteur d’une caresse parfumée, et, sous ces souffles vivifiants, la vie reviendra aux étiolés de nos cités, plus riche et plus abondante que sur les plages les plus renommées de cette Méditerranée qui connaît Nice cependant, Nice et ses roses, que Tunis doit égaler, sinon éclipser tout à fait.