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dans le luxe d’une civilisation raffinée[1], était en ce temps la patrie des centenaires.

La prédilection des Romains pour ce pays de Tunisie est amplement justifiée. La Ville du Soleil, comme les Arabes appellent Tunis dans leur langage imagé, est, sans contredit, un des points les plus salubres du monde. Les maladies épidémiques, peste, variole et choléra, qui déciment les populations sur tant d’autres points du globe, n’y apparaissent que rarement et y font peu de victimes.

Le printemps y est délicieux, et les saisons y ont une grande analogie avec celles de France, d’Espagne et d’Italie. La neige y est très rare, et c’est un événement quand parfois l’on en constate quelques flocons éphémères sur les hauteurs environnantes. En hiver, le thermomètre descend rarement à zéro et marque en général 10, 15 et 20 degrés au dessus.

La douceur du climat, les jardins embaumés avoisinant la ville, les sites merveilleux qui retiennent, charmé, le regard du touriste, font de ce pays enchanteur le rival de celui à qui le poète indulgent voulut bien, dans Mignon, accorder :

Un éternel printemps sous un ciel toujours bleu.

L’Européen qui, l’hiver, voudrait fuir les rigueurs de la température, ne trouvera nulle part plus qu’à Tunis un pays salubre et sain, à la température heureusement égale.

  1. De ce luxe inouï, prodigieux, il ne reste guère aujourd’hui que le temple de Vénus et la porte d’honneur, que les habitants d’Aphrodisium montrent encore avec orgueil.