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croirait voir un peu de verdure par-dessus les rues et les terrasses sèches ».[1]

Il est vrai que comme correctif à toutes ces beautés, l’écrivain que nous venons de citer nous montre dans les mêmes rues, si séduisantes pour l’artiste, une odeur d’huile et de friture et des tas d’immondices qui n’ont rien de flatteur pour l’œil et l’odorat. Mais, depuis dix ans que le blâme a été porté, le tableau a changé et fort heureusement.

Une municipalité laborieuse et dévouée, bien secondée par l’ingénieur de la ville, a fait paver les rues désormais éclairées au gaz et disparaître de la cité les cloaques et les détritus, en organisant un service de voirie très sérieux et surtout en distribuant l’eau à profusion, jusque dans les quartiers les plus reculés.

Sans redouter les inconvénients dont a été victime le nez de M. Cat — en 1882, croyons-nous — l’Européen pourra visiter aujourd’hui, dans la ville arabe, la kasba aux hautes murailles crénelées, dont, en 1535, vingt mille esclaves chrétiens s’enfuirent pour ouvrir à Charles-Quint les portes de Tunis, les nombreuses mosquées aux vitraux peints, aux arabesques capricieuses, aux voûtes nues portées par des colonnes torses provenant en grande partie des marbres précieux de Carthage, les souks enfin, si animés et si vivants, bazars des parfums orientaux, des précieuses essences de rose et de jasmin, des étoffes d’or et d’argent, des bijoux, bazars surtout des cuirs, des

  1. Une excursion à Tunis, par E. Cat.