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MOSAÏQUE

Non. En ce jour, les heureuses messagères de la bonne nouvelle, joyeuses, alertes, matinales, entonnent de leurs plus belles voix dans le clocher de la modeste et coquette église du village : « Alléluia ! Alléluia ! le Christ est ressuscité ! Alléluia ! »

Les petits oiseaux, les charmants petits oiseaux encore un peu frileux, se serrant les uns contre les autres, un peu partout, sur les rameaux de chênes, de hêtres, de bouleaux, d’érables, sur les clôtures, sous les rigoles, répètent en chœur : Alléluia ! Alléluia ! et font entendre à la nature ravie et épanouie un concert incomparable, dont le dernier écho se perd dans le cœur des villageois.

Radieux, prenant part à l’allégresse universelle, le soleil vient de surgir derrière une colline hérissée de sapins qui semblent s’embraser. La neige fondante ou glacée, frappée par des rayons de feu se crystallise en étincelant comme des rubis, des diamants, et comme mille et mille pierres précieuses aux teintes opalines. C’est un entrecroisement, une bataille de flèches d’or.

On revient de la messe basse.

Du côté du fleuve, quelques naïfs remontent la grève, en serrant précieusement contre leur poitrine, des bocaux remplis d’eau qu’ils sont allés puiser avant le lever du soleil. Maintenant, les maladies peuvent venir en foule assiéger leurs foyers ; une seule goutte de cette eau miraculeuse les guérira de tous maux.