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PRÉFACE



Ces quelques lignes ne sont pas une préface.

Je n’aime pas les préfaces et j’avais juré de ne plus en écrire. Je vais dire pourquoi je tiens mon serment.

Toute préface écrite pour autrui est inutile, ridicule et dangereuse. La seule préface que j’admette, et encore par exception, est celle qu’un auteur écrit pour soi-même. Si l’on est Hugo, on peut écrire pour Cromwell, en manière de préface, le manifeste littéraire d’une école dont on est le chef ; on peut, si l’on est Théophile Gautier, écrire une préface pour Mademoiselle de Maupin, c’est-à-dire tirer, au nez de la critique, de la littérature et de la politique de son siècle, un feu d’artifice de paradoxes éblouissants ; mais quelque talent qu’on ait ou quelque génie, on s’expose à passer pour avantageux si l’on dit tout le bien que l’on pense de son œuvre, et pour hypocrite, si on s’évertue à le taire avec effort. Et l’on tombe