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les petites infirmières, sous la verrière qui les inonde d’or, cousent vite, penchées sur des morceaux de toile et de flanelle…


LES PETITS ÉCLOPÉS


Les petites infirmières ont joué à la poupée toute la matinée, rangé et surveillé leurs nouveaux soldats de plomb, tandis que travaillaient, pansaient, bandaient les religieuses muettes, aux coiffes sévères. À l’heure frétillante du repas, elles ont défilé, l’assiette dans les deux mains, servant la dînette, gracieuses et inutiles ; elles ont apporté des bouquets qui grésillent dans la nappe de soleil, elles ont apporté des fruits rares dans des caissettes de bois, elles ont apporté des images, des journaux et des paroles, beaucoup de paroles… Maintenant, sous les grands placards : Silence ! elles se reposent d’avoir parlé, en bavardant.

Les cinq lits de Nine. Elle les a rangés, tapotés, bordés, vingt fois déjà aujourd’hui. Elle a, chaque fois, tapoté, tiraillé de même les cinq occupants ; grosses faces timides de laboureurs, museaux méfiants de citadins où, quand elle approche, s’allume un œil gouailleur qui cligne du côté des voisins. Ils sont très polis, encore un peu impres-