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retour de Jean, Denis et sa mère préparent un bel arbre généalogique où, au débotté, il pourra retracer, surpris, d’un doigt noirci de poudre, la véridique noblesse des dignes ancêtres Valentin, redressés de fierté nouvelle dans leurs petits emplois de citadins.

Jean aura gagné des galons durant la guerre, Denis des quartiers de noblesse.

— Je pense, me dit Denis dans un étirement élégant de ses jolis membres, je pense à passer la frontière… J’ai un tuyau épatant.

Il paraît que c’est indispensable. Pierre de Morges et Gaston de Prey sont partis ; Denis doit partir aussi.

— Mais, mon petit, tu n’as pas dix-sept ans ! On me donne à comprendre que c’est d’autant plus chic et mieux porté.

— Et vous, Colette ! Que direz-vous de ce départ de votre trésor ?

Colette, drapée en mère des Gracques, lève sur moi un front stoïque : Colette donne son fils à la Patrie.

Le départ secret, terrifiant de danger, des jeunes recrues est préparé par la Princesse S. La princesse est venue ici, elle-même, tantôt, chuchoter l’itinéraire des petits héros.

Je pense au tub aromatisé, aux frictions d’eau