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Je rédigeai, en hâte, mon rapport à l’Académie le 25 octobre 1918, où je faisais connaître les résultats que j’avais obtenus, afin qu’on pût immédiatement faire des essais. Il me semblait que la gravité de cette épidémie (quinze millions de morts), l’absence absolue d’une thérapeutique utile, auraient dû pousser les autorités dont le rôle est de veiller sur la santé publique à faire des essais immédiats. Je suis convaincu que ces essais auraient permis d’éviter un grand nombre de décès. Rien n’a été fait ! Pourquoi cette obstination ? Pourquoi ce refus d’essayer le sérum antipesteux ? alors que l’on emploie les sérums antidyphtériques (Netter), antipneumococciques (Institut Pasteur), anti­streptococciques, etc. ? Est-ce que le sérum antipesteux est plus dangereux que n’importe quel sérum, même que le sérum simple de cheval ? Mon expérience personnelle, tous les travaux écrits sur cette question, me permettent d’affirmer qu’un sérum de cheval immunisé contre la peste n’est pas plus dangereux qu’un sérum de cheval non immunisé, en d’autres termes les accidents sériques, les accidents anaphylactiques, sont dus, non pas au fait qu’un cheval a été immunisé contre telle ou telle infection, mais simplement parce que c’est un sérum hétérogène (sérum appartenant à une espèce animale différente).

Dans ces conditions, le refus d’expérimenter le sérum antipesteux, alors que l’on emploie largement les autres sérums, ne repose sur aucune donnée scientifique. Ce n’est qu’un parti pris.

Comme ce parti pris est la cause qu’un nombre considérable de personnes meurent, il est de notre devoir de protester et de réclamer qu’une commission soit nommée pour vérifier nos affirmations.

Nice, le 25 février 1919.

Dr GILLARD



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