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Regard vitreux, irritabilité au moindre bruit, asthénie, impossibilité de penser, perte de la mémoire, diminution de la conscience, crises de polypnée. Signes pulmonaires identiques. Urines très abondantes. Selles diarrhétiques. Tendance syncopale constante entrecoupée de syncopes. Réflexes pupillaires anormaux. Tuméfaction très douloureuses de la cuisse gauche dans la région interne en même temps que des douleurs dans les muscles et les articulations.

Cet accident de laboratoire a provoqué une maladie reproduisant tous les symptômes de l’épidémie étudiée. Au premier stade de cette maladie, j’ai pu isoler un coccobacille dans la grosseur du pouce, et au stade ultime on a pu le retrouver dans mon sang veineux en prélevant 40 cc. au moins dans un ballon de 200 cc. Le sang est abandonné à une température de 12° pendant plusieurs jours. Un voile blanc se forme à sa surface : des fragments de celui-ci donnent sur les milieux habituels des cultures ayant des caractères sur lesquels nous reviendrons. Ces colonies sont constituées par un petit coccobacille mobile à coloration bipolaire ne prenant pas le gram.

Les rats et les cobayes paraissent réfractaires à l’inoculation. Les souris sont très sensibles et présentent par crises : de la cyanose, de la dyspnée, de la polypnée, et de l’agitation. Ces crises deviennent de plus en plus fréquentes et s’allongent. Finalement, l’animal après une période d’excitation intense, avec perte du sens de l’équilibre, tombe dans un état de prostration complète et est complètement cyanosé. La respiration n’est plus visible, le cœur bat à de longs intervalles. L’animal remue quand on le touche et s’agite quand on le pince. La température s’abaisse, l’animal réagit de moins en moins et meurt. L’évolution totale, chez la souris est d’environ un mois ou un mois et demi ; Le coccobacille de la grippe n’est retrouvé constamment que dans les centres nerveux des souris.

Ce coccobacille a été retrouvé chez bon nombre de malades atteints de l’épidémie. Il est à noter qu’il disparaît habituellement du sang circulant quand il y a complication et élévation de température. Certains symptômes de cette épidémie la rapprochent des scepticémies hémorrhagiques ; les caractères culturaux de ce coccobacille le rapprochent de ces scepticémies. Il était donc logique d’employer un sérum obtenu avec un microbe de ce groupe par exemple, le sérum