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Alors, sans doute, le cœur serré d’angoisse, ignorant la nature de ce bruit, vous avez marché, guidé par le son ; vous êtes arrivé près d’un soupirail ardent, ouvert à fleur du trottoir, et, plongeant le regard dans la cave flamboyante et grise de poussière, vous y avez vu, comme une vision d’enfer, des hommes demi-nus, rouges du feu des fours, se courbant, se tordant avec le vent de la nuit sur l’échine, soulevant entre leurs bras nerveux une pâte épaisse et pesante, puis la rejetant au pétrin avec le Han ! d’angoisse arraché par l’effort.

Ces hommes sont les geindres. Ils pétrissent le pain.

Le geindre n’est pas seul. Il est aidé par le mitron : l’un pétrit, l’autre enfourne et pèse. Ils commencent ensemble, à sept heures du soir, et finissent à trois heures du matin. Ensemble aussi, la farine en poussière