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Alors ce fut la misère.

Je l’ai revu en ce temps, couvert d’un paletot de poils qui devint légendaire, coiffé d’un feutre avachi, courant les librairies, les bibliothèques, les journaux, sans plainte, mais amaigri, inquiet, affamé. C’était fini de rire à la Muse. Il fallait tirer le pain quotidien de ce qui n’avait été jusqu’alors qu’amusements et dilettantisme. Un reste de la vanité qu’avaient fait éclore les faciles applaudissements des camarades lui raidissait l’échine, le rendait peu sympathique aux marchands de copie.

Cependant il trouva quelques maigres débouchés, mit en œuvre ses procédés d’assimilation, travaillant beaucoup, mais obsédé toujours de la manie d’imitation qui avait daté ses débuts, ne trouvant rien de bien neuf, de saisissant, et, avec beaucoup d’érudition et conscience, perdant son encre.