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un bourg mort. Je pris donc le parti de franchir à pied la distance qui me restait à parcourir, et je me mis en route. Cette distance est de trois lieues à peine ; il me fallut toute la nuit et le jour du lendemain pour en avoir raison. Il faut dire que, vers cinq heures, le ciel s’était couvert de nuages noirs, et qu’un vent terrible s’était mis à souffler, déracinant les arbres, ébranlant les toits, fauchant les herbes.

Assez mal renseigné sur la route à suivre, je me mis donc à errer par la plaine, buttant aux monticules, roulant aux fossés, chutant aux ruisseaux ; au bout d’une demi-heure, j’étais en guenilles et couvert de boue.

Le vent me jeta tout à coup sur un arbre donc le choc m’étourdit et me fit ricocher dans une mare ; en me relevant j’aperçus deux yeux flamboyants fixés sur moi. C’était un loup.