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non sans talent, n’a pu apaiser le tourment de ses muscles. Avec cela, une sorte de curiosité invincible des métiers populaires. Je l’ai connu, tour à tour, peintre, cordonnier, forgeron, déménageur. Comme déménageur, il aimait monter un piano, sur ses épaules, au cinquième étage, et, là, le placer, l’ouvrir et en jouer, au grand ébahissement du ou de la locataire.

Un « drôle de corps », comme vous voyez.

Il est, lui-même le dit, rustique, et, j’ajoute, mal commode à malmener. Fier d’ailleurs, enclin à l’héroïsme et aux grands mouvements du cœur. Voici un fait :

Engagé des premiers, au moment de la guerre, dans les francs-tireurs de Mocquart, il partit battre la plaine avec sa compagnie, puis tomba malade : il avait rencontré la petite vérole noire qui courut le guilledou en ce temps. Sa face énergique était belle,