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VERS LA CIME




Combien d’heures, hélas ! trop brèves, sont passées,
Pendant que jusqu’à Dieu s’élevaient nos pensées,
Et que, dans le repos du jour silencieux,
J’enivrais de grandeur mon esprit et mes yeux !
Le soleil au zénith couronnait sa carrière.
Mon rapide aviron troubla la pureté
De l’onde chatoyante où jouait la lumière,
Et j’atteignis bientôt le Cap Éternité.
Dans l’anse où les cailloux éboulés forment chaîne,
Le rocher moins abrupt me permit d’aborder
Près d’un torrent que j’entendais déjà gronder.
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J’ai l’orgueil de gravir la cime souveraine.
Je veux escalader le fier dominateur,
Je veux aller baigner mon front dans ses nuages,
Côtoyer son abîme, éprouver ses orages,
Et, plus près de l’azur, m’enivrer de grandeur.

J’hésite, en parcourant du regard l’âpre pente ;
Mais le lit du torrent m’indiquant un chemin,
J’aventure mes pas au revers du ravin
Qui, le long du flanc roide, obliquement serpente.
Le torrent, par endroits, sur le roc vertical
Brise sa nappe d’eau qui tombe en cascatelle ;
Plus loin, du trap lamé l’écluse naturelle
Sous le dôme des pins retient son frais cristal.
Le torrent me conduit à mi-chemin du faîte.