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Du blanc, de l’azur et du rose


 
Pour orner l’or fin de son médaillon.
Grand’mère demande un portrait de Rose,
Mais la belle enfant, moins qu’un papillon
Nous ferait l’honneur d’un semblant de pose.

Puisque j’ai garni ma palette en vain,
Je voudrais, aux sons berceurs de la lyre,
Le front inspiré par l’art souverain,
En des strophes d’or chanter son sourire.

Et ma plume, hélas ! ne saurait fixer
Ces traits dont l’image en mon âme reste.
Car mon style obscur ne peut enchâsser
Dans le verbe humain la beauté céleste.

Non ! pour réussir en vers ce portrait,
Pour prêter la vie à ce frais mélange
De pureté rose et blanche, il faudrait
Une plume prise à l’aile d’un ange.
 

                              * * *

Bonne grand’maman, si vous voulez voir
Votre Rose peinte, à l’heure où le soir
Avec le sommeil descend sur la Terre,
Dites-lui ceci : ― « Ferme ta paupière
Et ne bouge plus, comme si dodo
Sur tes jolis yeux mettait son bandeau.
Te voyant ainsi, plus faible et plus belle,