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Lorsque des cieux muets la volonté profonde
Jette un être de plus à l’arène du monde,
La cloche sonne encor : c’est un autre matin !
Vers le secret d’en haut, sa musique envolée,
Pour l’enfant qui survient dans la rude mêlée,
Doit sans doute implorer l’implacable destin.

Il est l’heure où tout luit. La rose qui se pâme.
Tend son front aux baisers de la céleste flamme ;
Sur les floraisons d’or le soleil glorieux
Répand à pleins rayons la chaleur généreuse…
L’Angélus va jeter sa note harmonieuse
Dans l’éblouissement du midi radieux.

Les humains ont aussi leurs midis de lumière.
Dans l’opulence digne ou la pauvreté fière,
Quand deux cœurs amoureux, par un serment loyal,
Joignent leurs avenirs dans la même espérance,
L’airain, comme pour l’astre à l’apogée immense
Clame aux échos lointains l’hosanna triomphal !

Voici l’heure où le vent s’apaise dans les branches.
Les colombes des bois, fermant leurs ailes blanches,
Arrêtent, pour dormir, leur babil réjoui…
Dans la limpide paix du divin crépuscule,
C’est encore l’accent des cloches qui module
Un adieu solennel au jour évanoui.

Quand nos sombres déclins touchent à leurs limites ;
Quand déjà la grande ombre envahit nos orbites
Où l’éclair du regard éteint les feux sacrés ;
Pour scander le chagrin de ceux qui nous regrettent
Et pour qu’au fond des cœurs des sanglots les répètent,
Le glas gémit dans l’air ses adieux éplorés.