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MON FILS


À Robert Sand..


Par les lugubres nuits sans espoir, où j’écoute,
Dans mon lit solitaire, âpre, stérile et froid,
D’où le divin sommeil est banni par l’effroi,
Mon cœur, mon cœur blessé, qui saigne goutte à goutte ;

Par les jours désolés de torture et d’amour,
Où le désir cruel, brisant ses vaines roses,
Enfonce dans les chairs des épines moroses
Dont le noir poison brûle et glace tour à tour ;

Par les moments bénis, par les heures trop brèves
Où les chagrins, laissant leur fouet pendre au côté,
Accordent la furtive et chaste volupté
De cueillir quelques lys au doux jardin des rêves ;