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Et jamais, comme nous, en bonne compagnie,
On ne voit chez les grands souper votre Génie.
Dans nos doctes caffés par hazard entrez-vous ?
L’un vous montre du doigt, l’autre sort en courroux ;
Chacun vous insultant d’un œil philosophique,
Se dit : fuyés cet homme ; il mord ; c’est un critique.
Mais de tant de mépris méchamment consolé,
Vous sifflez l’univers dont vous êtes sifflé :
Croyez-moi, laissez-nous vivre & penser tranquiles ;
Sur d’utiles sujets rimez des vers utiles ;
Chantez les douze mois, prêchez sur les saisons ;
Égayez la morale en Operas bouffons ;
Que vos nobles talens s’élèvent jusqu’aux Drames,
Et sur l’agriculture attendrissent nos Dames.
Votre jeune Apollon qui n’a point réussi,
Dans la Satire encor ne peut être endurci ;
Un jour vous pleurerez d’avoir trop osé rire :
Cessez de critiquer…

Gilbert.

Cessez de critiquer… Eh ! Cessez donc d’écrire.
Tant qu’une légion de pédans novateurs
Imprimera l’ennui, pour le vendre aux lecteurs,
Et par in-octavo publiera l’athéisme ;
Fanatiques criant contre le fanatisme ;
Dussent tous les Commis, à vos muses si chers,
De leur protection deshériter mes vers ;