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Un portrait fabuleux & pourtant véritable ;
Si du public devin la malice équitable
S’écrie : ah ! C’est un tel, ce Marquis diffamé ;
Qu’il s’en accuse seul ; ses vices l’ont nommé.
Suis-je donc si méchant, si coupable ?

Psaphon.

Suis-je donc si méchant, si coupable ? Oui, vous l’êtes,
Non par ce que vos vers, du public interprêtes,
Noircissent quelques grands que nous n’estimons pas :
Immolez au mépris ces nobles scélérats.
Moi-même, ami des grands, par fois je les déprime ;
Vous nommés les auteurs, & c’est-là votre crime.

Gilbert.

Ah ! Si d’un doux encens je les eusse fêtés ;
Vous me pardonneriez de les avoir cités.
Quoi donc ! Un écrivain veut que son nom partage
Le tribut de louange offert à son ouvrage
Et sans crime on ne peut, s’il blesse la raison,
La venger par un ver, égayé de son nom ?
Comptable de l’ennui dont sa muse m’assomme,
Pourquoi s’est-il nommé, s’il ne veut qu’on le nomme ?
Je prétens soulever les lecteurs détrompés,
Contre un Auteur bouffi de succès usurpés ;
Sous une périphrase étouffant ma franchise,
Au lieu de d’Alembert, faut-il donc que je dise ?