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II

Les Romanciers.

Nous voudrions simplement offrir ici comme une vue à vol d’oiseau de ce vaste jardin où s’épanouit la floraison littéraire française de Belgique ; les arbustes les plus vigoureux et les plus touffus, qui durant ces dernières années y poussèrent leurs racines, sont aussi ceux qui portent des fruits de rêve : fruits merveilleux, en effet, que ces romans séduisants ou ces contes enchanteurs auxquels nous demandons parfois l’oubli des dures réalités de l’existence.

Mais voici, tout d’abord, un chêne vivace et luxurieusement feuillu. C’est sous cette image que nous apparaîtra M, Camille Lemonnier. On peut rapprocher, à plus d’un titre, son nom du glorieux nom de Ch. de Coster qui fut révélé aux Belges par M. Deschanel, si je ne me trompe. Ne sont-ce pas ses succès parisiens qui éveillèrent, chez beaucoup des compatriotes de M. C, Lemonnier, la notion même de son existence ? Et s’il a vu son pays couronner naguère l’admirable monument qu’il avait, sous le titre de la Belgique, dédié à la gloire de la terre natale, ne fut-il pas, pendant longtemps, lui aussi, tout comme Charles de Coster, un isolé et un inconnu de la première heure ? Il devait passer, presque fatalement, par l’étouffante fournaise naturaliste. Son œuvre, en effet, parmi les caractères principaux qui la distinguent,