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Eux-même épureront, par leur long artifice,
Ton honneur qu’ils pensent ternir.

Soyez béni, mon Dieu, vous qui daignez me rendre
L’innocence et son noble orgueil ;
Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre,
Veillerez près de mon cercueil.

Au banquet de la vie, infortuné convive,
J’apparus un jour, et je meurs :
Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j’arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs.

Salut, champs que j’aimois, et vous, douce verdure,
Et vous, riant exil des bois !
Ciel, pavillon de l’homme, admirable nature,
Salut pour la dernière fois[1] !

Ah ! puissent voir long-temps votre beauté sacrée
Tant d’amis sourds à mes adieux !
Qu’ils meurent pleins de jours ! que leur mort soit pleurée !
Qu’un ami leur ferme les yeux !

  1. Cette strophe est rapportée ainsi par Palissot :
    Adieu, champs fortunés, adieu, douce verdure,
    Adieu, riant exil des bois !
    Ciel, pavillon de l’homme, admirable nature,
    Adieu pour la dernière fois !