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Novalis savait que tout ce qui en l’homme vaut la peine de vivre tend vers un seul but inéluctable et monotone : passer outre aux frontières personnelles, jaillir hors de la gangue des corps séparés. Que l’âme humaine aille se jeter, s’anéantir dans l’abîme profond de la nuit primitive, comme au sein des tempêtes du cœur l’amant rêve de se perdre à jamais dans l’océan d’amour où règne l’être aimé.

Car le profond amour a la même saveur que la mort et, comme elle, fait toujours penser à la nuit.

Novalis est peut-être celui qui a vécu avec le plus de sincérité l’unité de l’amour humain et de l’amour divin.

« Qu’est-ce que la religion si ce n’est une entente de deux cœurs aimants, une éternelle union. Lorsque deux sont ensemble, Il est au milieu d’eux. »

Car le mystère de la séparation originelle, pierre d’achoppement, point obscur de toutes les métaphysiques, cette borne où vient buter l’esprit humain aucune