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Mais l’énoncé en termes purement intellectuels de jugements établis sur des sentiments pèche toujours par excès de clarté ou, à tout le moins, par manque de subtilité. Ce que nous venons de dire eût été absolument vrai si une infranchissable frontière séparait l’amour profane de l’amour sacré. Il n’en est rien. Tout épanchement du cœur relève d’une cause unique du seul fait qu’il est épanchement du cœur.

Il n’est pas d’amour particulier, si pauvres que soient les êtres qui l’éprouvent, qui à son paroxysme n’aille se jeter dans la mer sans bornes de l’amour universel.

Toute femme aimée et perdue, c’est Eurydice. Eurydice est l’âme de l’homme, c’est-à-dire cette âme de lui-même par où il participe à la divinité, le centre le plus intime de son être, le cœur de son cœur et cependant, précisément à cause de sa superficialité, ce dont il est séparé.