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Cette voix retentit au fond des temples souterrains, de tous les mystères de tous les âges. Elle a clamé le meurtre d’Osiris, déchiqueté en cent parts, dispersé aux quatre vents de l’espace ; elle a chanté la longue quête d’Isis à travers le monde, retrouvant les fragments épars du dieu et reconstituant l’Unité par l’Amour. Elle a dit Adonis aux flancs fleuris de sang, pleuré et ramené à la vie par Aphrodite. Elle a dit le Christ crucifié, mort, descendu aux enfers et ressuscité le troisième jour.

Et maintenant qu’il n’y a plus de prophètes pour crier la vérité du sommet des hauts lieux, la voix ne s’est pourtant pas tout à fait éteinte : affaiblie, vacillante, elle se traîne de siècle en siècle et parfois, en un ultime sursaut, elle surgit encore, exsangue, mais surhumainement pure dans les bégaiements d’un poète.