Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/631

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se solde en excédent d’une façon régulière et continue : or, le budget de la plupart des États modernes se solde, au contraire, comme nous le savons, en, déficit ; dans ces conditions, il n’y a pas lieu de songer à l’amortissement et si on le pratique tout de même, comme on l’a fait en France dans ces dernières années, ce n’est qu’une duperie : à quoi sert-il d’amortir d’une main pour emprunter de l’autre ?

Conversion. — Si un État doit renoncer à éteindre le capital de sa dette, cela est fâcheux sans doute, mais enfin il peut s’en consoler puisque, comme nous l’avons dit ce capital n’est qu’une charge fictive, n’étant jamais exigible. La seule charge réelle dans la dette publique, parce que c’est celle-là seulement que l’État est obligé de payer ; ce sont les intérêts. Réduire les intérêts est donc tout aussi efficace en fait que réduire le capital ; mais comment y arriver ?

Il semble bien, en effet, que le rentier n’acceptera pas bénévolement une réduction dans le taux d’intérêt qui lui a été promis. D’autre part l’État ne peut non plus le réduire d’office et contre le gré du rentier, car ce serait manquer à ses engagements et faire une sorte de banqueroute. Le problème semble donc insoluble ? — Il se résout, au contraire, très simplement de la façon suivante :

Prenons comme exemple la dernière conversion de rente qui a été faite en 1894, et qui consiste a réduire à 3 1/2 les rentes qui étaient auparavant à 4 1/2. Cette dernière rente était, au jour où l’opération s’est faite, au cours de 105 environ, c’est-à-dire qu’elle se vendait à la Bourse 5 fr. environ au-dessus du pair : Le gouvernement a dit aux rentiers : « Je vous offre le choix entre les deux partis suivants : ou bien vous allez accepter désormais un intérêt réduit à 3 1/2 p. 0/0, — ou bien je vais vous rembourser le capital que je vous dois, c’est-à-dire 100 fr par titre ». Il faut se rappeler, en effet, que si l’État n’est jamais obligé de rembourser le capital de la dette, il a toujours le droit de le faire. La double proposition que fait l’État est donc absolument correcte. Mais que fera le rentier, mis ainsi en demeure d’opter ? S’il opte pour le remboursement, il perd sur la valeur actuelle de son titre,