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délai approchant de celui que nous venons d’indiquer ou qui en tout cas ne devrait jamais dépasser un siècle. Si la période de temps est assez longue, il suffit d’une prime d’amortissement extrêmement faible (1/2 p. 0/0 du capital, par exemple, ou moins encore) pour rembourser complètement le capital, grâce à la merveilleuse puissance de la capitalisation des intérêts[1]. Ainsi la charge de l’amortissement n’ajoute que peu de chose à celle qui résulte de l’intérêt et elle offre l’inappréciable avantage de libérer l’avenir.

Malheureusement la plupart des États, notamment la France, ont l’habitude (nous venons d’expliquer pourquoi) d’emprunter en rentes perpétuelles. L’habitude est même si bien prise par le public lui-même que l’essai fait, il y a quelques années, par Léon Say, d’un fonds amortissable 3 p. 0/0, n’a pas été goûté et qu’on ne l’a pas poursuivi[2].

Mais alors même qu’un gouvernement a pris l’habitude de faire ses emprunts en rente perpétuelle, cela n’empêche pas qu’il ne puisse et qu’il ne doive travailler à l’éteindre ou du moins à la réduire progressivement, et il a pour cela deux moyens[3] : — soit de réduire le capital de la dette, ce qui s’ap-

  1. On procède de la façon suivante : tous les ans un certain nombre de titres désignés par le tirage au sort sont remboursés : on s’arrange pour que ce nombre soit très faible dans les débuts et aille en augmentant au fur et à mesure que la diminution du capital et la diminution des intérêts, qui en est la conséquence, permet de disposer de sommes plus considérables.
  2. Il est assez piquant de voir l’État français qui s’arroge ainsi le droit d’emprunter en rentes perpétuelles, défendre aux communes et aux départements, au nom des intérêts des générations futures dont il a la garde, de recourir à de semblables procédés ! Les départements et les villes ne peuvent emprunter, en effet, que sous forme d’obligations amortissables dans un délai déterminé par la loi même de l’emprunt : autrement dit, en s’engageant expressément à rembourser l’emprunt petit à petit par annuités dans une période de vingt, trente, quarante ans.
  3. On cite quelquefois un troisième procédé, la consolidation. Mais la consolidation n’a nullement pour résultat de diminuer la dette publique, mais simplement de transformer une dette exigible à court terme en une dette sous forme de rente perpétuelle et dont le capital, par conséquent, n’est jamais exigible. En dehors des emprunts en rente perpétuelle, auxquels il n’a recours que dans les grandes occasions, l’État fait continuellement pour ses dépenses courantes de petits emprunts sous forme de