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Toutefois, il faut remarquer que l’État n’étant jamais tenu de rembourser le capital, puisque nous avons dit qu’il empruntait en rentes perpétuelles, peu lui importe de s’obliger à rembourser plus qu’il n’a reçu ! la seule chose qui lui importe, c’est que l’intérêt à payer soit le moins élevé possible. Or l’excuse de ce singulier procédé, c’est justement qu’il permet à l’État d’obtenir des conditions plus favorables au point de vue de l’intérêt ; en effet il est probable que le prêteur, à raison même de la plus-value qu’il espère pour son titre, se montrera moins exigeant sur le taux de l’intérêt ; par exemple, en supposant qu’au moment de l’emprunt le crédit de l’État ne comportât pas un taux d’intérêt inférieure à 5 p 0/0, néanmoins l’emprunteur consentira peut-être à payer ce titre de 3 francs de rente, 70 ou même 75 francs (ce qui ne représentera pour lui qu’un intérêt de 4 p 0/0) dans l’espoir qu’il montera un jour à 100 francs.

Maigre ces raisons l’emprunt au-dessous du pair doit être condamné au point de vue des principes, parce qu’il a l’inconvénient de rendre pour l’avenir tout remboursement de la dette impossible ou du moins ruineux pour l’État et par là même, comme nous le verrons tout à l’heure, de rendre très difficile toute conversion future.

Voici maintenant de quelle façon l’État, fait ses émissions de rentes. Il a le choix entre trois procédés :

1° Traiter directement avec de grosses maisons de banque qui lui fournissent l’argent nécessaire à un prix débattu. C’est le procédé le plus simple et à peu près le seul qui fût usité autrefois ;

2° S’adresser directement au public par une souscription publique ouverte dans le pays entier ou dans tous les pays à un jour fixé. Ce procédé, presque seul usité en France, surtout depuis le second Empire, représente les avantages suivants : — de se prêter mieux, par l’étendue du marché, à des emprunts de sommes considérables, par exemple pour les deux emprunts de 2 et de 3 milliards qu’il a fallu faire à peu de temps d’intervalle pour payer l’indemnité de guerre à l’Allemagne ; de classer tout de suite l’emprunt, c’est-à-dire de faire