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2° Constitution de sociétés semi-philanthropiques, semi-capitalistes, qui se chargent de construire des maisons confortables et salubres pour les ouvriers et limitent par avance les profits qu’elles pourront en retirer à un chiffre modéré, 3 à 4 p. 0/0, par exemple. Il en existe un certain nombre en France. Une des plus anciennes et des plus célèbres était celle de Mulhouse[1].

3° Fondations perpétuelles et gratuites destinées à construire des maisons ouvrières et dont les revenus devront être employés à construire des maisons nouvelles, en sorte que les résultats vont grandissant en progression géométrique. Le type de ce genre est la célèbre fondation Peabody, à Londres, qui remonte à 30 ans et qui loge déjà aujourd’hui plus de 20.000 locataires dans ses 5.073 appartements.

4° Construction de maisons par les municipalités. Les villes de Berne, de Glascow et autres, sont entrées dans cette voie. L’État peut aussi, comme en Allemagne, donner des subventions aux sociétés pour la construction de maisons ouvrières[2].

5° Location et aménagement par des sociétés philanthropi-


    en Angleterre notamment (building societies), ne se chargent pas elles-mêmes de la construction des maisons elles prêtent simplement l’argent pour les faire bâtir suivant des combinaisons très ingénieuses et très économiques. Et ces prêts servent de placement aux épargnes des associés qui ne veulent pas devenir propriétaires ou qui sont obligés d’attendre leur tour et ce sont les plus nombreux ; en sorte que ces sociétés fonctionnent surtout comme caisses d’épargne.

  1. On peut ranger sous ce même numérotes maisons ouvrières construites par de grands patrons ou des Compagnies pour loger leurs ouvriers et les avoir à proximité. On peut citer comme exemple le plus remarquable Pullman City, la cité ouvrière bâtie prés de Chicago par le constructeur de wagons de luxe américains. Les socialistes et le parti ouvrier avancé détestent cette combinaison, parce que en faisant de l’ouvrier le locataire de son patron, elle lui enlève, disent-ils, toute indépendance et ressuscite le servage.
  2. L’école collectiviste ne demande pas seulement à l’État ou aux communes de construire des maisons ouvrières, mais d’exproprier (avec ou sans indemnité) tous les propriétaires de maisons, pour y loger tous les habitants, soit au prix de revient, soit gratis : c’est l’application à la propriété urbaine du système de la nationalisation du sol.
    Il est à craindre seulement, en généralisant ainsi le système : — 1° que si l’État ne fait pas payer de loyer, d’abord il se ruine, et de plus, il n’aggrave dans des proportions déplorables l’hypertrophie des grandes villes : le jour, en effet, où l’on pourra être logé gratis à Paris,