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droit les situations sont identiques, en fait elles sont fort différentes, car tandis que dans le contrat entre le salarié et cet entrepreneur qui s’appelle le patron, c’est celui-ci qui a la situation prépondérante, au contraire dans le contrat entre le propriétaire et cet entrepreneur qui s’appelle le fermier, c’est le premier qui a incontestablement l’avantage. Aussi tandis que l’histoire ne nous offre guère d’exemples de patrons exploités par leurs ouvriers, elle nous offre d’innombrables exemples de fermiers exploités par les propriétaires et tandis que le législateur tend d’une part, comme en Belgique, à établir un taux minimum des salaires, il se voit obligé d’établir, comme en Irlande, un taux maximum des fermages. Le fermage ne coïncide pas nécessairement, comme on pourrait le croire, avec la rente foncière proprement dite, c’est-à-dire avec cette part du revenu foncier qui est distincte du revenu du travail ou du capital et due uniquement à des causes indépendantes du fait du propriétaire. Le fermage représente généralement une valeur supérieure à celle de la rente foncière, soit parce qu’il comprend en outre un intérêt pour les capitaux engagés dans la terre et loués en même temps qu’elle, soit aussi parce que, sous la pression de la nécessité, le fermier est obligé de céder au propriétaire non seulement la part due aux causes naturelles et sociales, mais encore une part du revenu de son propre travail. Cependant il peut arriver en sens inverse, quand par aventure les fermiers peuvent faire la loi, que le fermage soit inférieur à la rente foncière en ce cas le fermier garde pour lui une part des avantages naturels de la terre.

Le taux du fermage est réglé par les mêmes lois que le taux du salaire ou de l’intérêt, puisqu’aussi bien ces revenus sont de même nature, c’est-à-dire par la loi de l’offre et de la demande. Dans des pays neufs, comme les colonies, où les terres sont surabondantes et où chacun peut en trouver de



    ciation dite dividende, de même à côté du fermage, il y a la forme d’association dite métayage et qui occupe une place considérable en France et divers pays.