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DEUXIÈME PARTIE

LES DIVERSES CATÉGORIES DE REVENUS



Nous avons vu les principes généraux de la distribution des richesses ; reste à examiner d’une façon plus précise la part que chacun de nous touche sous le nom de revenu et à rechercher l’origine et les causes de chacune de ces catégories de revenus.

Si nous vivions sous un régime de production isolée, chaque individu produisant sur sa terre et avec ses propres instruments, l’étude que nous allons faire serait supprimée chacun de ces producteurs autonomes garderait pour lui l’intégralité du produit de son travail nul, en droit, sinon en fait, ne songerait à le lui disputer — et tout serait dit.

Mais nous savons qu’une telle hypothèse n’est pas réalisée, sinon dans la très petite industrie[1]. Généralement aujourd’hui le principal agent de la production qu’on appelle l’entrepre-

  1. On compte cependant encore dans certains pays, et notamment en France, un bon nombre de producteurs autonomes — probablement environ 2 1/2 millions de propriétaires paysans, un peu plus de 1 million d’artisans, et au moins 1 1/2 million de boutiquiers (c’est-à-dire, avec les membres de la famille, la moitié de la population française). Si cette dernière catégorie (dont 1/3 sont des débitants d’alcool) n’a pas une grande utilité sociale et peut disparaître sans inconvénients, les deux autres au contraire valent bien la peine qu’on cherche à les défendre, précisément parce que, n’étant guère touchées par les grands problèmes de la répartition des revenus, elles sont un élément de paix sociale.

    C’est parce que ces producteurs autonomes étaient beaucoup plus nombreux autrefois que la question sociale n’avait pas la même acuité, et on ne pourra probablement la résoudre qu’en revenant par des procédés plus complexes et détournés à des modes nouveaux de production autonome.