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resserrées que celles des marchandises ordinaires. Ce prix n’est jamais coté (du moins en temps normal et sauf les exceptions que nous indiquerons tout à l’heure) ni très au-dessus ni très au-dessous du pair. Pourquoi ? Ce fait s’explique par deux raisons :

1o  Pourquoi d’abord le débiteur vis-à-vis de l’étranger recherche-t-il la lettre de change ? — Uniquement pour s’épargner les frais d’envoi de numéraire et la conversion de la monnaie française contre la monnaie étrangère. Mais il est bien évident que si la prime qu’il devrait payer pour se procurer la traite était supérieure à ces frais, qui sont en somme peu élevés, il n’aurait aucune raison pour l’acheter. De leur côté, le négociant créancier de l’étranger ou le banquier qui lui sert d’intermédiaire, ne cherchent à négocier ces lettres de change que pour s’éviter l’ennui de les envoyer toucher à l’étranger et de faire revenir l’argent ; mais plutôt que de céder ces traites à trop vil prix, le négociant ou le banquier préféreraient prendre ce dernier parti. En somme donc, le trafic du papier n’ayant d’autre but que de servir à économiser les frais de transport et de change du numéraire, il est facile de comprendre que ce trafic n’aurait plus sa raison d’être du jour où il deviendrait plus onéreux pour les parties que l’envoi direct du numéraire, c’est-à-dire du jour où les variations de prix, soit au-dessus soit au-dessous du pair, dépasseraient les frais d’envoi. Or ces frais, même en y comprenant l’assurance, sont très minimes : très minimes aussi par conséquent devront être les variations du change.

2o  Il existe une autre cause, plus lointaine et plus subtile en même temps, que nous avons déjà vue à propos de l’échange international (Voy. p. 289), qui limite ces variations. Supposons que le prix de la lettre de change sur l’étranger s’élève au-dessus du pair, c’est-à-dire que le négociant qui a tiré sur son acheteur étranger une lettre de change de 1.000 francs, puisse la vendre 1.010 francs : il est clair que ces 10 francs seront autant d’ajouté à son bénéfice sur la vente ; au lieu de gagner 10 % par exemple, comme il l’espérait, il se trouvera gagner 11 % ; ce supplément de bénéfices, pour