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du Sud ou même en Europe maints exemples pour illustrer cette histoire[1].

Toutefois il faut tenir compte aussi de certaines causes compensatrices qui agissent avec une grande efficacité et tendent à enrayer le mal.

D’abord les personnes qui ont à faire des paiements à l’étranger cherchent à régler ces paiements par quelque moyen autre que l’envoi du numéraire : d’une part, parce que cette expédition n’est pas commode, d’autre part, parce que ce numéraire n’a pas généralement cours dans le pays où il doit être payé. Ils recherchent donc, pour employer le langage technique, « du papier » sur l’étranger, c’est-à-dire des lettres de change qui constituent le mode ordinaire de paiement international. Mais dans la situation que nous envisageons, ces lettres de change seront rares, puisque nous avons supposé que les créances étaient inférieures aux dettes, et elles seront très recherchées puisque nous avons supposé qu’il y avait beaucoup plus de débiteurs que de créanciers. En vertu de la loi de l’offre et de la demande, elles se vendront donc à un prix supérieur à leur valeur nominale : elles feront prime. Or il est clair que cette prime procurant un bénéfice à tous les créanciers sur l’étranger qui ont des lettres de change à vendre, c’est-à-dire à tous les exportateurs, stimulera les exportations et qu’à l’inverse cette prime à payer rendant gênante et onéreuse la situation de tous les débiteurs vis-à-vis de l’étranger, notamment des importateurs, aura pour effet de décourager les importations[2]. Or relèvement des exportations et réduction des importations, voilà précisément le remède qui convient le mieux à la situation.

Ce n’est pas tout. Admettons que le manque d’équilibre entre les créances et les dettes entraîne un drainage continu du numéraire. La fuite du numéraire aura pour effet l’abaisse-

  1. Voir en ce qui concerne la République Argentine et l’Uruguay un article de M. Oloscoaga sur Le Commerce international dans la Revue d’Économie Politique de mai 1895.
  2. Il est indispensable, pour comprendre cette page et la suivante, de lire d’abord le chapitre ci-après sur Le change.