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ments plus productifs : on fonde soit à l’étranger, soit dans le pays même, des entreprises nouvelles, singulières, souvent folles, et le tout finit par ce qu’on appelle aujourd’hui, dans la langue des gens de Bourse, un Krach ; quelques-uns sont restés tristement célèbres dans notre histoire financière, notamment celui de Vienne en 1873 et celui de Paris en 1882.

Il se peut aussi, en sens inverse, que les capitaux viennent à faire défaut, par exemple justement à la suite d’un krach comme ceux dont nous venons de parler, ou à la suite d’une guerre qui en aurait englouti des quantités considérables. En ce cas, il y aura encore crise, celle-ci caractérisée par des symptômes opposés, par la hausse du taux de l’intérêt et de l’escompte, par la difficulté de se procurer de l’argent, etc.

il est possible enfin que la proportion normale qui doit exister entre les capitaux fixes et les capitaux circulants n’ait pas été réalisée, et que les capitaux circulants se trouvent en quantité insuffisante relativement aux capitaux fixes. C’est ce qui est arrivé dans certains pays qui ont eu l’imprudence de consacrer toute leur épargne à construire des chemins de fer et à qui il n’est plus resté le sou pour alimenter leur industrie et pour fournir un trafic à ces mêmes chemins de fer qu’ils avaient créés (Comp. p. 160).

Surabondance ou disette monétaire

La surabondance peut-elle ici, comme dans les autres cas, déterminer une crise ? Assurément jamais le public ne consentira à voir une crise dans le fait d’avoir trop d’argent. Cependant il est incontestable qu’ici aussi il y a une certaine

    sons que demain, par suite de l’encombrement des capitaux, le taux de l’intérêt dans les entreprises nouvelles tombe à 3 %. Alors le titre qui rapportait et qui rapporte toujours 50 fr. vaudra 1.666 fr., ainsi qu’il est facile de s’en assurer par une simple règle de trois. Il en résulte donc ce curieux contraste que tandis que les marchands se lamentent de l’encombrement des marchandises, les capitalistes se réjouissent de l’encombrement des capitaux. Mais cela n’est pas de durée, car ou bien quelque Krach imprévu vient faire dégringoler la valeur de leurs capitaux, ou bien la conversion, qui les guette, ne tarde pas à réduire leurs revenus (Voy. à la fin de ce volume, La dette publique). En fin de compte l’abondance des capitaux doit nécessairement diminuer le pouvoir des capitalistes.