Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mûrs, dont la saveur première est d’une acidité intolérable, mais qui laisse après dans la bouche un arôme rafraîchissant. Nous en avons mordu aussi dans les cruelles Latomies de Syracuse.

Dans le parc de La Haye circulent des daims point trop sauvages.

Du jardin d’Avranches on voit le Mont-Saint-Michel, et les sables lointains, au soir, semblent une matière embrasée. — Il y a de très petites villes qui ont des jardins charmants ; on oublie la ville ; on oublie son nom ; on souhaite revoir le jardin, mais on ne sait plus y revenir.

Je rêve aux jardins de Mossoul ; on m’a dit qu’ils sont pleins de roses. Ceux de Kashpur, Omar les a chantés, et Hafiz les jardins de Shiraz ; nous ne verrons pas les jardins de Nashpur.

Mais à Biskra je connais les jardins de Ouardi. Des enfants y gardent les chèvres.

À Tunis, il n’y a pas d’autre jardin que le cimetière. À Alger, au jardin d’essai (des palmiers de toute espèce) j’ai mangé des fruits que je n’avais avant jamais vus. — Et de Blidah ! Nathanaël, que dirai-je ?

Ah ! douce est l’herbe du Sahel ; — et tes fleurs d’orangers ! et tes ombres ! suaves les odeurs de