Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le lendemain je n’aimai plus que le désert

Oumach.

— Il y eut cette oasis dans la roche et le sable, où nous entrâmes à midi, et par des flammes tellement chaudes que le village exténué ne semblait même pas nous attendre. Les palmiers ne se penchèrent point. Les vieillards causaient au creux des portes ; les hommes étaient assoupis ; les enfants jasaient à l’école ; les femmes on ne les voyait pas.

Rues de ce village de terre, roses au jour, violettes au coucher — désertes à midi, vous vous animerez le soir ; alors les cafés vont s’emplir, les enfants sortir de l’école, les vieillards causer encore au pas des portes, les rayons s’assoupir et les femmes, montées sur les terrasses et dévoilées, comme des fleurs, se raconter longuement leur ennui.

Cette rue d’Alger, vers midi, s’emplissait d’une odeur d’anisette et d’absinthe. Dans les cafés