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Chetma.

Allongement des jours. — S’étendre là. Les feuilles des figuiers se sont encore élargies ; elles parfument les mains qui les froissent ; leur tige pleure du lait.

Recrudescence de la chaleur. — Ah ! voici venir le troupeau de mes chèvres ; j’entends la flûte du berger que j’aime. Viendra-t-il ? Ou si c’est moi qui m’approcherai ?

Lenteur des heures. — Encore une grenade sèche de l’an passé pend à la branche ; elle est complètement éclatée, racornie ; à cette même branche déjà les boutons de fleurs nouvelles se gonflent. Des tourterelles passent entre les palmes. Les abeilles s’activent dans la prairie.

— (Je me souviens, près de l’Enfida, d’un puits où descendaient de belles femmes ; non loin un immense rocher gris et rose… sa cime, m’a-t-on dit, est hantée des abeilles ; oui, des peuples