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présomption des arcs. Cortèges cavalcadants dans les avenues ; foule empressée. Asphalte luisante après la pluie ; boulevard où les marronniers s’alanguissent ; femmes toujours vous attendant. Il y avait des nuits, des nuits tellement molles qu’au moindre appel je me serais senti défaillir.

Onze heures. — Clôture ; strident bruit des volets de fer. Cités — la nuit, dans les rues solitaires, quand j’y passais, des rats, très vite, regagnaient les égouts. On voyait par les soupiraux des caves, des hommes à moitié nus faire le pain.

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— Ô cafés ! — où notre démences est continuée très avant dans la nuit ; l’ivresse des boissons et des paroles enfin venait à bout du sommeil. Cafés ! il y en avait de pleins de peintures et de glaces, riches ; et où l’on ne voyait rien que des gens très élégants ; d’autres, petits, où l’on chantait des couplets comiques et où des femmes, pour danser, relevaient très haut leurs jupons.

En Italie, il y en avait qui se répandaient sur les places, les soirs d’été, et où l’on prenait de