— Je ne sais plus comment j’ai pu vous quitter, vous, ma mère.
— Eh bien ! tout cela, dis-le-lui.
— Tout cela je le lui dirai demain soir. Embrassez-moi maintenant sur le front comme lorsque j’étais petit enfant et que vous me regardiez m’endormir. J’ai sommeil.
— Va dormir. Je m’en vais prier pour vous tous.
DIALOGUE AVEC LE FRÈRE PUÎNÉ
C’est, à côté de celle du prodigue, une chambre point étroite aux murs nus. Le prodigue, une lampe à la main, s’avance près du lit où son frère puîné repose, le visage tourné vers le mur. Il commence à voix basse, afin, si l’enfant dort, de ne pas le troubler dans son sommeil.
— Je voudrais te parler, mon frère.
— Qu’est-ce qui t’en empêche ?
— Je croyais que tu dormais.
— On n’a pas besoin de dormir pour rêver.
— Tu rêvais ; à quoi donc ?
— Que t’importe ! Si déjà moi je ne comprends pas mes rêves, ce n’est pas toi, je pense, qui me les expliqueras.
— Ils sont donc bien subtils ? Si tu me les racontais, j’essaierais.
— Tes rêves, est-ce que tu les choisis ? Les miens