Page:Gide - Le Prométhée mal enchainé.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LE PROMÉTHÉE

murmurants se frôlaient. Asia m’épousait, pleine de rires ; puis doucement les bruissements d’essaims, de feuillages où celui des ruisseaux nombreux se fondait, nous invitaient au plus doux des sommeils. Autour de nous tout permettait, tout protégeait notre inhumaine solitude, — soudain, un jour Asia me dit : Tu devrais t’occuper des hommes.

Il me fallut d’abord les chercher.

Je voulus bien m’occuper d’eux ; mais c’était en avoir pitié.

Ils étaient très peu éclairés ; j’inventai pour eux quelques feux ; et dès lors commença mon aigle. C’est depuis ce jour que je m’aperçois que je suis nu.

À ces mots des applaudissements par-