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la porte étroite


J’ai revu Juliette l’an passé. Plus de dix ans s’étaient écoulés depuis sa dernière lettre, celle qui m’annonçait la mort d’Alissa. Un voyage en Provence me fut une occasion de m’arrêter à Nîmes. Avenue de Feuchères, au centre bruyant de la ville, les Teissières habitent une maison d’assez belle apparence. Bien que j’eusse écrit pour annoncer ma venue, j’étais passablement ému en franchissant le seuil.

Une bonne me fit monter dans le salon où, quelques instants après, Juliette vint me rejoindre. Je crus voir la tante Plantier ; même démarche, même carrure, même cordialité essoufflée. Elle me pressa tout aussitôt de questions dont elle n’attendait pas les réponses, sur ma carrière, mon installation à