Page:Gide - La Porte étroite, 1909.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
la porte étroite

suffit à l’ornement des murs. J’étais tout étonnée de me sentir presque joyeuse. C’est que je n’espère plus rien de la vie. C’est qu’il faut à présent que je me contente de Dieu, et que son amour n’est exquis que s’il occupe en nous toute la place…


Je n’ai pris avec moi d’autre livre que la Bible ; mais aujourd’hui, plus haut que les paroles que j’y lis résonne en moi ce sanglot éperdu de Pascal :

« Tout ce qui n’est pas Dieu ne peut pas remplir mon attente. »

Ô trop humaine joie que mon cœur imprudent souhaitait… Est-ce pour obtenir ce cri, Seigneur ! que vous m’avez désespérée ?

12 octobre.

Que votre règne vienne ! Qu’il vienne en moi ; de sorte que vous seul régniez sur moi ; et régniez sur moi tout entière. Je ne veux plus vous marchander mon cœur.

Fatiguée comme si j’étais très vieille, mon âme garde une étrange puérilité. Je suis encore la pe-