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III


La saison devenait clémente. Dès que mon cours fut terminé, je transportai Marceline à la Morinière, le Docteur affirmant que tout danger pressant était passé et que, pour achever de la remettre, il ne fallait rien tant qu’un air meilleur. J’avais moi-même grand besoin de repos. Ces veilles que j’avais tenu à supporter presque toutes moi-même, cette angoisse prolongée, et surtout cette sorte de sympathie physique qui, lors de l’embolie de Marceline, m’avait fait ressentir en moi les affreux sursauts de son cœur, tout cela m’avait fatigué comme si j’avais moi-même été malade.

J’eusse préféré emmener Marceline dans