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le renoncement au voyage

d’elle, je n’étais qu’accueil et que joie. Peut-être le souvenir de ce temps est-il un peu confus par endroits, car j’ai mauvaise mémoire, mais, des bouquets de sensations que j’ai rapportés de ce premier voyage là-bas, s’exhale encore odeur si vive que parfois, pour savourer l’instant présent, j’en suis gêné. Je me défends pourtant de comparer ; mais je fais pire : six fois je retourne là-bas, réclamant au présent le passé, exténuant mon émotion, exigeant d’elle encore cette verdeur qu’elle devait jadis à sa nouvelleté, et d’année en année trouvant à mes désirs vieillis des récompenses toujours moins vives… Rien ne vaut le premier contact.

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