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rable, son ardeur sur les matières théologiques forme un des traits les plus saillans de son caractère. Il avait, ainsi que ses sujets, un grand respect pour les saints durant leur séjour sur la terre et après leur mort. Son Code, et surtout ses Novelles, confirment et étendent les priviléges du clergé ; et lorsqu’il s’élevait une discussion entre un moine et un laïque, il était disposé à prononcer que la vérité, l’innocence et la justice étaient toujours du côté de l’Église. Il était assidu et exemplaire dans ses dévotions publiques et particulières ; ses prières, ses veilles et ses jeûnes égalaient les austères mortifications d’un moine ; dans les rêves de son imagination, il se croyait inspiré ou espérait l’être ; il s’était assuré de la protection de la sainte Vierge et de saint Michel archange, et il attribua aux secours des saints martyrs Côme et Damien, sa guérison d’une maladie dangereuse. Il remplit la capitale et les provinces des monumens de sa religion[1] ; et quoiqu’on puisse imputer à son goût pour les arts et à son ostentation, la plus grande partie de ces édifices dispendieux, son zèle était probablement animé par un sentiment naturel d’amour et de reconnaissance envers ses bienfaiteurs invisibles. Parmi les titres de ses dignités, le surnom de Pieux était celui qui lui plaisait le plus. L’attention

    cain Facundus dans son douzième livre, De tribus capitulis ; cum videri doctus appetit importune… spontaneis questionibus Ecclesiam turbat. Voy. Procope, De bell goth., l. III, c. 35.

  1. Procope, De Ædific., l. I, c. 6, 7, etc., passim.