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Dieu Seigneur des armées, était identiquement l’hymne que les anges et les chérubins répètent de toute éternité devant le trône de Dieu, et qui fut révélé d’une manière miraculeuse à l’église de Constantinople vers le milieu du cinquième siècle. La dévotion des habitans d’Antioche y ajouta bientôt : « qui a été crucifié pour nous » ; cette adresse au Christ seul ou aux trois personnes de la Trinité, peut se justifier d’après les règles de la théologie ; et les catholiques de l’Orient et de l’Occident l’ont insensiblement adoptée. Mais elle avait été imaginée par un évêque monophysite[1]. Ce don d’un ennemi fut d’abord rejeté comme un horrible et dangereux blasphème, et pensa coûter à l’empereur Anastase la couronne et la vie[2]. Le peuple de Constantinople

    siècles qui se sont écoulés entre Isaïe et le jeune homme de saint Proclus, qui fut enlevé au ciel en présence de l’évêque et du peuple de Constantinople, cet hymne avait été bien perfectionné ; le jeune homme entendit ces paroles qui sortaient de la bouche des anges : « Dieu saint, Dieu saint et fort, saint et immortel. »

  1. Pierre Gnaphée le Foulon (profession qu’il exerçait dans son monastère), patriarche d’Antioche. On trouve des discussions sur son ennuyeuse histoire dans les Annales de Pagi (A. D. 477-490), et dans une Dissertation que M. de Valois a publiée à la fin de son Évagrius.
  2. Les traits qui ont rapport aux troubles qu’on vit sous le règne d’Anastase, se trouvent dispersés dans les Chroniques de Victor, de Marcellin et de Théophane. La dernière n’était pas publique au temps de Baronius ; et Pagi, son critique, est plus détaillé et plus exact.