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nophysites[1] ; mais les nestoriens étaient moins irrités ou moins puissans, et l’Orient fut déchiré par le fanatisme obstiné et sanguinaire des monophysites. Jérusalem fut envahie par une armée de moines ; au nom d’une nature incarnée, ils pillèrent, brûlèrent, massacrèrent ; le sépulcre de Jésus-Christ fut souillé de sang, et des rebelles tumultuairement assemblés, fermèrent les portes de la ville aux troupes de l’empereur. Après la condamnation et l’exil de Dioscore, les Égyptiens regrettant leur père spirituel, ne virent qu’avec horreur l’usurpation de son successeur, établi par les pères du concile de Chalcédoine. Ce successeur, nommé Protérius, ne put se soutenir que par les secours d’une garde de deux mille soldats ; il fit cinq ans la guerre au peuple d’Alexandrie, et le premier bruit de la mort de Marcien devint pour les fanatiques Égyptiens le signal de la vengeance. Trois jours avant la fête de Pâques, le patriarche fut

  1. Photius (ou plutôt Eulogius d’Alexandrie) avoue dans un beau passage de son ouvrage, que cette double accusation contre le pape Léon et son concile de Chalcédoine, paraît bien fondée (Biblioth., Cod. 225, p. 768) ; il faisait une double guerre aux ennemis de l’Église, et blessait l’un ou l’autre de ses ennemis avec les traits de son adversaire καταλληλοις βελεσ‌τι το‌υς αντιπαλο‌υς επτρωσκε. Contre Nestorius, il semblait établir la συγχυσις des monophysites ; contre Eutychès, il semblait autoriser l’υποσ‌τασεων διαφορα des nestoriens. L’apologiste dit qu’il faut interpréter d’une manière charitable les actions des saints : si l’on s’était conduit de la même façon à l’égard des hérétiques, les controverses se seraient bornées à de vains bruits exhalés dans les airs.