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deux délibérations successives, qu’il n’était ni expédient ni légitime de passer les bornes sacrées posées par les conciles de Nicée, de Constantinople et d’Éphèse, conformément à l’Écriture et à la tradition. Ils cédèrent enfin aux importunités de leurs maîtres ; mais leur décret infaillible, après avoir été ratifié d’une manière solennelle et reçu avec de grandes acclamations, fut détruit dans la session suivante, par l’opposition des légats et de leurs partisans, les Orientaux. Un grand nombre d’évêques s’écrièrent en vain : « La décision des pères est orthodoxe et immuable ; les hérétiques sont maintenant démasqués ; anathème aux nestoriens ! qu’ils sortent des assemblées du concile ! qu’ils se rendent à Rome[1] ! » Les légats menacèrent ; l’empereur exprimait ses volontés d’un ton absolu, et un comité de dix-huit évêques prépara un nouveau décret, que les pères souscrivirent malgré eux. Au nom du quatrième concile général, on annonça au monde catholique le Christ en une personne, mais en deux natures. On tira une ligne imperceptible entre l’hérésie d’Apollinaire et la doctrine de saint Cyrille, et ce fut du tranchant d’une lame bien effilée que la subtilité des théologiens forma le pont, qui, suspendu sur un abîme, devenait l’unique route du paradis. Durant

  1. Εβοησαν η ο ορος κρατειτω η απερχομεθα… οι αντιλεγοντες φανεροι γενωνται, οι αντιλεγοντες Νεσ‌τοριανοι εισιν, οι αντιλεγοντες εις Ρωμην απελθωσιν (Concil., t. IV, p. 1449). Evagrius et Liberatus ne montrent ce concile que sous un aspect pacifique, et ils glissent discrètement sur ces feux suppositos cineri doloso.