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chiens, introduisaient un cerf et un sanglier[1]. La suprématie de l’empereur ne se bornait pas à l’Allemagne ; les monarques héréditaires des autres contrées de l’Europe avouaient la prééminence de son rang et de sa dignité : il était le premier des princes chrétiens et le chef temporel de la grande république d’Occident[2] : il prenait dès long-temps le titre de majesté, et il disputait au pape le droit éminent de créer des rois et d’assembler des conciles. L’oracle de la loi civile, le savant Barthole, recevait une pension de Charles IV, et son école retentissait de cette maxime que l’empereur romain était le légitime souverain de la terre, depuis les lieux où se lève le soleil, jusqu’aux lieux où il se couche. L’opinion opposée fut condamnée, non pas comme une erreur, mais comme une hérésie, d’après ces paroles de l’Évangile : « Et un décret de César Auguste déclara que tout le monde devait payer l’impôt[3]. »

Contraste du pouvoir et de la monarchie d’Auguste.

Si, à travers l’espace des temps et des lieux, nous rapprochons Auguste de Charles, les deux Césars nous offriront un contraste bien frappant. Le dernier cachait sa faiblesse sous le masque de l’ostentation, et le premier déguisait sa force sous l’appa-

  1. Voy. la description de cette cérémonie dans Struve, p. 629.
  2. La république de l’Europe ayant le pape et l’empereur pour chefs, n’a jamais été représentée avec plus de dignité que dans le concile de Constance. Voyez l’Histoire de cette assemblée par Lenfant.
  3. Gravina, Origines juris civilis, p. 108.