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messe de sûreté, il fut pendu, et on exposa sa tête sur les créneaux de la forteresse. Par un revers de fortune, Othon, ayant séparé ses troupes, fut assiégé durant trois jours dans son palais, où il manquait de vivres ; et ce ne fut que par une honteuse évasion qu’il vint à bout de se soustraire à la justice ou à la fureur des Romains. Le sénateur Ptolémée dirigeait le peuple, et la veuve du consul Crescentius eut le plaisir de venger son mari en empoisonnant l’empereur devenu son amant ; du moins lui en fit-on l’honneur. Le projet d’Othon III était d’abandonner les âpres contrées du Nord pour élever son trône en Italie, et faire revivre les institutions de la monarchie romaine ; mais ses successeurs ne se montrèrent jamais qu’une fois en leur vie sur les bords du Tibre, pour recevoir la couronne dans le Vatican[1]. Leur absence les exposait au mépris, et leur présence était odieuse et formidable. Ils descendaient des Alpes à la tête de leurs Barbares, étrangers à l’Italie où ils arrivaient en ennemis, et leurs passagères apparitions n’offraient que des scènes de tumulte et de car-

  1. On trouve des détails sur le couronnement de l’empereur et sur quelques cérémonies du dixième siècle, dans le Panégyrique de Berenger (Script. Ital., t. II, part. I, p. 405-414), éclairci par les notes d’Adrien de Valois et de Leibnitz. Sigonius a raconté en bon latin, mais avec quelques fautes de dates et quelques erreurs de fait (l. VII, p. 441-446), tout ce qui a rapport aux voyages de ces empereurs à Rome.