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de Rome avec une armée, furent couronnés empereurs dans le Vatican ; mais leur modestie se contenta le plus souvent du titre de roi d’Italie ; l’on peut regarder comme un interrègne l’espace de soixante-quatorze ans qui s’écoula depuis l’abdication de Charles-le-Gros, jusqu’à l’installation d’Othon Ier.

Othon, roi de Germanie, rétablit et s’approprie l’empire d’Occident. A. D. 962.

Othon[1] était de la noble maison des ducs de Saxe, et s’il descendait réellement de Witikind, ennemi et ensuite prosélyte de Charlemagne, la postérité du peuple vaincu régna enfin sur les conquérans. Henri l’Oiseleur, son père, choisi par le suffrage de sa nation, avait sauvé et fondé sur des bases solides le royaume de la Germanie. Le fils de Henri, le premier et le plus grand des Othon, recula de tous côtés les bornes de ce royaume[2]. On réunit à la Ger-

  1. Il était fils d’Othon, fils de Ludolph, en faveur duquel avait été institué le duché de Saxe, A. D. 858. Ruotgerus, le biographe de saint Bruno (Bibl. Bunavianæ Catalog., t. III, vol. 2, p. 679), peint la famille de ce prince sous les traits les plus brillans : Atavorum atavi usque ad hominum memoriam omnes nobilissimi ; nullus in eorum stirpe ignotus, nullus degener facile reperitur. (Apud Struvius, Corp. Hist. german., p. 216.) Cependant, Gundling (in Henr. Aucupe) n’est pas persuadé qu’il descendit de Wilikind.
  2. Voyez le traité de Conring (De finibus imperii germanici, Francfort, 1680, in-4o.). Il rejette les idées extravagantes qu’on a voulu nous donner sur l’étendue des empires de Rome et des Carlovingiens ; il discute avec modération les droits de la Germanie, ceux de ses vassaux et de ses voisins.